La saison de F1 2019 en... 19 questions
La nouvelle saison début ce week-end avec le GP d'Australie.
- Publié le 14-03-2019 à 18h33
- Mis à jour le 27-04-2019 à 17h23
La nouvelle saison début ce week-end avec le GP d'Australie.
1. Lewis Hamilton peut-il viser un 6e titre cette année ?
Assurément. Même si la W10 est apparue un peu en retrait et souffrait de quelques maladies de jeunesse lors des tests hivernaux de Barcelone, Mercedes a très vite rectifié le tir et au bout du compte, le Britannique a signé un chrono sensiblement identique (pour 3 millièmes) au meilleur de Sebastian Vettel. Vivant à 200 km/h, multipliant les sorties people en dehors de la F1 pour se ressourcer et recharger ses batteries, le quintuple champion est plus serein (grâce à sa nouvelle copine mannequin néerlandaise ?) et motivé que jamais. Il a hâte que la saison redémarre. Et s’il ne bénéficiera pas nécessairement du meilleur matériel au départ, on connaît sa capacité à optimaliser tout en course, à profiter de chaque occasion, ainsi que la force de frappe de la marque à l’étoile en termes de développement. L’an dernier déjà, c’était mal engagé en début de saison, mais les Gris ont parfaitement redressé la barre. Il reste donc incontestablement l’homme à battre et le n° 1, y compris dans son propre team avec un équipier docile et pas politique pour un sou.
2. Sebastian Vettel va-t-il cette fois résister jusqu’au bout à la pression pour ramener sa 5e couronne ?
L’Allemand a-t-il tiré des leçons de ce qui lui est arrivé en 2018 ? Alors qu’il avait toutes les cartes en main pour aller chercher son premier titre avec Ferrari, il a multiplié les erreurs en gérant mal la pression. 2019 va être une année déterminante pour Vettel qui n’aura plus son ami Kimi comme équipier, mais la nouvelle coqueluche des tifosi et de la Scuderia, le jeune Charles Leclerc. De quoi augmenter encore la pression sur les épaules du quadruple champion. Et son statut de n° 1 ne sera assuré que sur base des résultats d’un début de saison qu’il ne peut louper. Si Leclerc est vite devant lui, Vettel risque de s’énerver et de refaire des boulettes comme il en a pris l’habitude dès qu’il ne caracole pas en tête. Avec une SF90 visiblement bien née, Seb, le plus rapide lors des essais hivernaux (5 centièmes devant Leclerc), n’aura plus qu’un seul pilote (Hamilton) à battre. Désormais, il y en aura au moins deux.
3. Ferrari peut-elle aller rechercher son 1er titre constructeurs depuis 2008 ?
Oui. La Scuderia a conçu une monoplace au moins au niveau de la Mercedes et possède une redoutable paire de pilotes avec deux vainqueurs potentiels, ce qui n’est pas nécessairement le cas du côté de leurs rivaux, Valtteri Bottas ayant montré certaines limites l’an dernier. Si la stratégie suit, si le successeur de Maurizio Arrivabene se montre plus pragmatique et surtout si Charles Leclerc confirme tous les espoirs placés en lui, Ferrari pourrait cumuler le plus grand nombre de succès cette année et donc fatalement briguer le titre des teams.
4. Le jeune Monégasque Charles Leclerc va-t-il remporter son premier GP en F1 cette année ?
On en est totalement convaincu. Pourquoi pas chez lui au GP de Monaco ? Le champion F2 a tous les atouts pour devenir le premier Monégasque à remporter un GP dans l’histoire du championnat du monde de F1, le succès de Louis Chiron datant de l’avant-guerre, avant la création du Mondial F1. Même s’il ne s’agit que de sa 2e saison en F1, Leclerc semble prêt à s’imposer. Il a déjà confirmé sa pointe de vitesse chez Sauber et a la tête bien sur les épaules. S’il garde son calme et ne veut pas précipiter les choses, cela viendra naturellement pour le petit prince de la F1. Mais attention, on avait dit pareil pour Jean Alesi après des débuts tonitruants chez Tyrrell et le Français n’a remporté qu’un seul GP tout au long de sa carrière. Mais Ferrari n’était pas non plus aussi au top à cette époque. Les chronos réalisés en Catalogne durant l’hiver (3e à 5 centièmes de Vettel) démontrent qu’il y aura directement match et que le nouveau venu pourra vraisemblablement se battre pour la pole dès le premier GP à Melbourne. La seule interrogation est la suivante : pourra-t-il résister à l’énorme pression pesant sur les épaules d’un pilote de Maranello ?
5. Valtteri Bottas va-t-il réussir à sauver sa place chez Mercedes ?
S’il n’était pas managé par Toto Wolff, il aurait déjà sans doute perdu son baquetfin 2018 après n’avoir pas réussi à remporter un seul GP contre onze à son équipier. Bon OK, sans consigne de team, cela aurait dû être 10 à 1. N’empêche, le Finlandais, moins bon qu’en 2017, n’a pas soutenu la comparaison. Et sa cinquième place au championnat au volant de la monoplace championne du monde est clairement décevante. Avec Esteban Ocon, autre protégé de Mercedes et de Toto Wolff sur le banc, la pression est encore plus grande. S’il rate son début de saison et que Ferrari aligne les succès, il n’est même pas impossible qu’il ne finisse pas l’année et soit remplacé en cours de saison. Pour le Finlandais, c’est donc quitte ou double. Pour sauver sa peau, il doit impérativement s’imposer. Dans un sport où l’aspect psychologique est hyper important, rouler avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête n’est pas l’idéal, mais Bottas n’a pas le choix. C’est sa dernière chance de démontrer qu’il pourrait, comme Nico Rosberg avant lui, un jour lui aussi devenir champion du monde.
6. La nouvelle règlementation aérodynamique va-t-elle réellement favoriser les dépassements ?
Tout a été fait pour. Avec des ailerons avant plus larges, moins d’appendices aérodynamiques, un volet de DRS plus grand. Le but est de diminuer les perturbations aérodynamique derrière une monoplace en essayant de renvoyer l’air sale vers le haut. Il faudra attendre les premiers GP pour voir si cela fonctionne. S’il est possible de se rapprocher d’une monoplace sans perdre de l’efficacité aéro et donc sans dégrader ses pneus. Sur le papier, sur les simulations d’ordinateurs, cela fonctionne. Les nombreux sceptiques attendront le verdict de la piste.
7. Limitées sur le plan aérodynamique, les F1 2019 iront-elles moins vite que celles de l’an dernier ?
Les performances réalisées sur une piste relativement froide lors des tests hivernaux de Barcelone semblent indiquer que non. En théorie, la réduction de l’aéro était censée diminuer la performance d’au moins une seconde à une seconde et demie au tour. Mais en Catalogne, la SF90 a déjà tourné à moins d’un dixième de la pole 2018 de Lewis Hamilton. Au bout de huit jours de roulage certes, mais c’est tout de même significatif. Le gain de temps ne peut en tout cas pas s’expliquer par les gommes Pirelli qui sont restées plus ou moins identiques même si les noms et les couleurs ont changé.
8. Trois types de pneus par GP au lieu de cinq, cela va changer quoi ?
Afin d’assurer une plus grande compréhension de tous, mais aussi qu’il y ait plus d’écart chronométrique entre deux types de gommes, Pirelli a réduit sa gamme à cinq types de pneus au lieu de sept. Ils sont désormais identifiés avec des codes C1 à C5, du plus dur au plus tendre. Il n’y aura plus que trois choix possibles et donc trois couleurs par GP. Le rouge sera toujours le plus tendre, le jaune celui intermédiaire et le blanc le plus dur. Mais il se pourra que sur un GP le rouge soit un C5 et sur un autre un C3. La plus grande différence de performances entre les trois sortes de pneus devrait redonner un peu plus d’importance à la stratégie.
9. Honda va-t-il enfin renouer avec le succès avec Red Bull ?
Nous prenons le pari que oui, Max Verstappen gagnera au moins un GP cette année au volant de sa RB15 propulsée par un V6 Turbo montant en puissance et surtout devenu nettement plus fiable au bout de quatre ans de développement. Il était temps nous direz-vous. Sur certains circuits, Max pourrait même bénéficier du meilleur propulseur et ainsi signer la première pole position de sa carrière. En pneus tendres, la Red Bull était peut-être la plus rapide en Espagne. Si la fiabilité est enfin au rendez-vous pour les Japonais et que la sauce prend avec Red Bull, Max pourrait devenir un candidat au titre. Si ce n’est pas le cas, si les moteurs partent en fumée, le Belgo-Néerlandais va encore se déchaîner et aura perdu une année de plus.
10. Pierre Gasly va-t-il soutenir la comparaison avec Max Verstappen ?
A priori, pour une première année chez Red Bull et sa deuxième saison seulement en F1, cela paraît difficile. D’autant que Max, très rapide, est désormais clairement le n° 1. N’oublions pas que le Français n’a été promu que parce que Daniel Ricciardo a décidé de partir. Il nous a toutefois agréablement surpris l’an dernier chez Toro Rosso et s’il ne s’attaque pas au leader de front, il pourrait faire le job et monter sur son premier podium. Pas vraiment très psychologue, le responsable de la filière Helmut Marko a déjà déclaré maladroitement que "Pierre nous a fait perdre beaucoup de temps avec ses deux sorties de piste en Espagne. Il ne peut plus faire cela. Il n’est pas aujourd’hui au niveau de Max. Je lui donne une demi-saison pour se mettre au niveau de son prédécesseur Ricciardo".
Voilà ce qui s’appelle clairement mettre la pression. Heureusement, Pierre est jeune et connaît la maison où rien n’est jamais acquis et où les pilotes se prennent et se jettent comme des canettes.
11. Daniel Ricciardo va-t-il ramener Renault sur les podiums ?
Depuis son retour officiel en F1 voici quatre ans, Renault n’a cessé de progresser dans la hiérarchie. Mais la firme au losange n’a pas encore réussi à remonter sur un podium. Sera-ce le cas cette année avec le soutien de Daniel Ricciardo ? On peut l’espérer même si le souriant Australien n’a pas de baguette magique. Pour les miracles, c’est à Lourdes. Pour pour créer la surprise, par exemple à Monaco, il faudra pouvoir compter sur un V6 nettement plus puissant que l’an dernier, ce qui semble être le cas. Donc un ou l’autre podium, oui on y croit. La troisième place constructeurs se jouera face à leurs amis de chez Red Bull. Mais pour jouer la victoire, les Français risquent d’être encore un peu courts.
12. Kimi Raikkonen peut-il créer la surprise avec Alfa Romeo ?
La réponse est oui. À 39 ans, Iceman a toujours le feu sacré. Et n’aurait pas décidé d’achever sa carrière dans l’écurie de ses débuts (Sauber), même si elle a changé de nom, s’il ne pensait pas qu’il était possible pour lui de marquer régulièrement des points voire même d’encore ramener l’un ou l’autre trophée. Depuis qu’elle a été reprise par Fred Vasseur, l’écurie suisse n’a cessé de progresser pour animer le milieu de peloton. Certains disent même en souriant que Ferrari aligne désormais quatre monoplaces. Sur certains GP, comme l’Australie justement, l’écurie au trèfle pourrait créer la surprise. Il sera intéressant aussi d’évaluer le niveau du presque rookie Antonio Giovinazzi qui avait déjà disputé deux GP pour Sauber début 2017.
13. Robert Kubica peut-il réussir son retour après 8 ans d’absence ?
On a envie d’y croire. Le Polonais, vainqueur du GP du Canada avec BMW Sauber un an après avoir failli y perdre la vie, est un double miraculé. Et son retour en F1, après 8 ans de revalidation après son grave accident en rallye, constitue un troisième miracle. Jamais auparavant un pilote est revenu en GP après une aussi longue absence. Honnêtement, on doute très fort qu’il puisse retrouver son niveau d’antan. Ses chances de se distinguer sont d’autant plus faibles qu’il pilotera la moins bonne monoplace du plateau et que son équipier est un réel espoir, le champion en titre de F2 George Russell.
14. Qui sera le meilleur des débutants ?
Les trois premiers du championnat de F2 2018, trois pilotes au sang britannique même si l’un d’entre eux est à moitié thaïlandais, vont se retrouver dans trois écuries de deuxième moitié de tableau. Le champion Russell est à priori le moins bien armé. Il y aura donc match entre Lando Norris (McLaren) et Alexander Albon qui a surpris avec la Toro Rosso lors des essais hivernaux. Ces deux derniers auront pas mal de pression car leur place n’est pas assurée pour plus d’un an. Si l’on devait prendre les paris, on miserait plutôt sur Albon.
15. McLaren va-t-elle enfin réussir à rebondir ?
Quelle frustration supplémentaire cela a dû être pour Stoffel Vandoorne de voir la McLaren accumuler les tours et se montrer relativement performante lors des essais hivernaux à Barcelone. À tel point que Fernando Alonso évoque déjà la possibilité d’un retour. Maintenant n’allons pas trop vite en besogne et attendons la confirmation des premiers GP. Mais le V6 Renault a désormais l’air beaucoup mieux intégré dans le châssis de la MCL34. Attention toutefois, l’écurie de Woking aligne un duo 100 % nouveau et le seul composé de deux pilotes n’étant jamais encore monté sur un podium de F1. Et l’on doute sincèrement que ce soit encore pour cette année même si les orange ne devraient plus écumer les fonds de grille.
16. Quelle sera la meilleure écurie derrière les trois grands ?
On a très peu vu les Racing Point durant l’hiver et l’équipe a perdu au change en étant obligée de troquer Esteban Ocon contre le fils du patron Lance Stroll. On aurait donc logiquement tendance à pointer Renault, quatrième l’an dernier. Mais il faudra se méfier très fort des deux écuries propulsées par le moteur Ferrari, Alfa Romeo et Haas. Enfin, l’un ou l’autre coup d’éclat d’une Toro Rosso-Honda n’est pas à exclure. Mais sur la longueur, on miserait plutôt logiquement sur le troisième constructeur directement engagé avec son team derrière Mercedes et Ferrari, à savoir Renault.
17. Williams va-t-elle tenir la lanterne rouge ?
Au vu du retard accumulé (la FW42 a pris la piste avec deux jours et demi de retard), des résultats des premiers essais et de la mise à l’écart du directeur technique Paddy Lowe, on peut le craindre. Si George Russell est certainement meilleur que les deux titulaires de l’an dernier, Claire Williams a dû composer avec la perte de ses deux principaux partenaires, Martini et Lawrence Stroll. On peut donc craindre pour la survie à plus long terme de cette écurie de légende qui risque de passer une très mauvaise année en queue de peloton.
18. Esteban Ocon peut-il revenir en cours de saison ?
C’est une possibilité en tant que réserviste chez Mercedes, soit si un des titulaires se blesse ou est malade (ce n’est toutefois jamais arrivé depuis le retour de Mercedes en F1), soit les performances de Valtteri Bottas ne sont pas à la hauteur et que Toto Wolff sent que le titre constructeurs pourrait leur échapper. Lancer Ocon en cours de saison constituerait cependant un gros risque. On peut aussi imaginer qu’il ferait un excellent remplaçant soit s’il se passe quelque chose chez Racing Point, soit si Robert Kubica jette le gant en cours d’année s’il voit que cela ne va vraiment pas chez Williams.
19. Qui va signer la première pole position de la saison samedi à Melbourne ?
La question que tout le monde se pose. A priori, cela devrait se jouer à nouveau entre Mercedes et Ferrari même si une surprise Red Bull avec Max Verstappen n’est pas totalement à exclure. Les quatre pilotes des deux teams de pointe ont chacun de bonnes raisons de vouloir démarrer la saison par une pole. Parce que ce serait sa première et vraiment sympa pour lancer la nouvelle année, parce qu’on croit plus aussi à une pole rouge que grise, on citera le l’as rouge de coeur, Charles Leclerc.